03/08/2008

surveillance



je vais voir ce film moins pour le titre ou l'affiche que pour le nom de la réalisatrice, jennifer lynch, la fille de son père. surveillance est son deuxième film, après boxing helena en 1993, qui n'avait alors pas fait grand bruit. jennifer lynch travaille avec son père depuis toujours, dans l'ombre, sur le son d'eraserhead ou à la production de blue velvet. mais cette fois, les rôles sont inversés : la fille est metteur en scène, le père producteur exécutif.


deux agents du fbi se joignent à la police pour retrouver des tueurs en série. jusque là, rien d'original. les trois témoins de l'une des scènes de crime sont pris à part et interrogés. sous forme de flash backs et de film chorale (puisque chaque témoin a un point de vue différent), nous découvrons la scène de crime. tout le monde ment et les tensions entre fbi et police font difficilement progresser l'enquête.

le film est lent à se mettre en place, mais cette lenteur devient par la suite un atout. l'atmosphère est pesante, oppressante. hormis 5 scènes, dont la scène racontée par les témoins, tout se passe à l'intérieur du commissariat. l'espace est encore plus resserré par la mise en scène. les personnages ne font qu'ouvrir et fermer des portes. aucun espace ne communique avec un autre. jennifer lynch n'hésite pas à filmer les murs, les portes, et notamment la porte d'entrée du commissariat, qui revient à plusieurs (courtes) reprises. l'espace extérieur est lui traité à la manière du brillant no country for old men. le paysage est vaste, aride, plat. comme dans le film des frères coen, la violence est crue, mais diffère en cela que les tueurs sont emprunts d'une folie pressante, d'un désir sexuel de tuer, que le personnage interprété par javier bardem n'avait pas.

du lien de parenté entre les filmographies du père et de la fille, nous retiendrons trois animaux morts (un rat et deux oiseaux) et un travail remarquable sur le son. jennifer lynch utilise des ambiances sonores dérangeantes, tout comme son père, des sortes de brouhahas dissonants et qui saturent la bande sonore. surveillance est aussi bien écrit qu'il est interprété. les deux acteurs principaux, bill pullman (lost highway) et julia ormond (inland empire) sont excellents.